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En écho à l’exposition Raoul Hausmann, Dadasophe, la nouvelle présentation de la collection contemporaine met en relief les rapports entre art et langage. Si le rapport entre le mot et l’image est une constante de l’histoire de l’art, de l’enluminure au surréalisme, Dada, avec son goût de l’absurde et le développement de la poésie phonétique, a marqué une rupture avec le langage établi. Autre moment marquant pour l’art du 20e siècle, dans les années 1960, l’art conceptuel a mis en avant que l’idée précède l’œuvre, d’où le recours fréquent au mot et au langage par les artistes du mouvement.
Aujourd’hui, à l’ère du numérique, s’ouvre une nouvelle multiplication des écritures et du codage, des réseaux sociaux au langage sms. Ainsi cette présentation fait la part belle à l’écrit sous toutes ses formes, au slogan, mais aussi à la faculté de mémoire du mot et au pouvoir du récit.
Au premier étage du château, les artistes interpellent et obligent au déchiffrement. La phrase peinte sur le mur par Douglas Gordon est également une invitation pour le visiteur à créer sa propre histoire. Quel est l’objet décrit par l’artiste conceptuel Robert Barry ? Quelle est la phrase mystérieuse et poétique d’Alighierio e Boetti à reconstituer ? Que signifie ce dialogue par sms entre adolescents qui s’égrène dans la tapisserie de Laure Prouvost. Quant aux Å“uvres de Cerith Wyn Evans, elles sont à la limite du visible, que ce soit la phrase de l’astronome ou le dialogue des personnages du faux monochrome fluo. Douglas Gordon joue sur l’inversion, celle du miroir qui révèle le pléonasme du tatouage. « Plus de liaison, plus de trahison », répète la chanson mise en boucle par l’artiste d’Ugo Rondinone. Au terme de la galerie, Ian Hamilton Finlay détourne les plaques commémoratives en un appel à la Révolution.
Dans le Grenier du château, les œuvres présentées questionnent la mémoire et le récit réécrit de l’histoire. Dans le film d’Aurélien Froment sur la machine de Fourdrinier, première machine industrielle à fabriquer le papier, une voix d’enfant peine à en expliquer le fonctionnement et les implications sociales. L’installation de Mark Geffriaud prend appui sur le livre, ici un livre sur les étoiles, comme un répertoire de formes qu’il déploie dans l’espace. Les œuvres de Thierry Kuntzel et Felix Gonzalez-Torres questionnent la dissolution de la mémoire, personnelle ou collective. Parodiant la forme du western et du film burlesque muet, Kent Monkman rétablit avec humour la mémoire oubliée, celle de l’indien natif américain reconstruite par le colon occidental et le cinéma.