Fonds Raoul Hausmann

Portrait de Raoul Hausmann
Portrait de Raoul Hausmann

Membre fondateur du mouvement Dada

Raoul Hausmann (1886-1971) est un des fondateurs du mouvement Dada à Berlin qui, au cours de la Première Guerre mondiale, a profondément redéfini la forme et les buts de l’art.

La vie de Raoul Hausmann

Il fut un pionnier du collage, un des inventeurs du photomontage et un des initiateurs de la poésie sonore. Au-delà de son iconoclasme affiché, l’expérience Dada a remis en cause les cloisonnements artistiques et la frontière entre l’art et la vie, un postulat qui jamais n’a quitté ni Hausmann ni l’art du XXe siècle. En 1933, l’artiste, devant fuir l’Allemagne nazie, trouve refuge en Limousin, après un périple européen, où il demeure jusqu’à son décès en 1971.

Les débuts du dadasophe

Né à Vienne en 1886, Raoul Hausmann s’installe à Berlin en 1900. Il y fait ses débuts sous l’égide d’un père peintre. Ses premières œuvres sont influencées par l’expressionnisme, le cubisme et le cubo-futurisme qu’il découvre à la galerie Der Sturm.

En 1918, Hausmann fait partie des fondateurs du mouvement Dada Berlin, deux ans après la création de Dada à Zürich en réaction à la Première Guerre mondiale et à l’échec de la culture et des beaux-arts traditionnels. Il abandonne alors la peinture pour des moyens de création nouveaux, le collage, le photomontage et la poésie sonore.
Hausmann et sa compagne d’alors, l’artiste Hannah Höch, sont parmi les principaux animateurs du mouvement Dada Berlin. Parmi les œuvres emblématiques de cette période, citons la sculpture-assemblage L’esprit de notre temps faite à partir d’une tête de mannequin et d’objets divers, et fmsbw, poème sonore repris par Kurt Schwitters dans son œuvre Ursonate.

La photograhie, l’optophone, l’écriture et l’exil

À partir du milieu de la décennie 1920, Raoul Hausmann passe des périodes en retrait de Berlin. Avec son épouse Hedwig et sa nouvelle compagne Vera Broïdo, sa vie se partage entre Berlin, Kampen en mer du Nord, et un village de pêcheurs sur la mer Baltique, Jershöft, où il réalise de nombreuses photographies. Sa pratique de la photographie et de l’écriture s’intensifient, notamment avec le roman Hyle.
Hausmann poursuit également des recherches scientifiques et imagine l’optophone, un appareil qui transformerait en musique les couleurs et vice versa. En 1933, déclaré artiste dégénéré, il fuit l’Allemagne nazie.

Pendant six ans, il parcourt l’Europe d’Ibiza, à Paris, Zürich, en passant par Prague. À Ibiza, il se passionne pour l’architecture et la photographie et développe un récit au long cours, Hyle II, roman multilingue, poétique et semi-biographique. En 1939, il passe l’été à Paris avant de s’installer avec Hedwig à l’automne en Limousin, à Peyrat-le-Château, où il passe les années de guerre et rencontre Marthe Prévot.

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Portrait de Raoul Hausmann

L’après-guerre : les années limousines

En 1944, Hausmann déménage à Limoges où il vit jusqu’à son décès en 1971. En dépit d’importantes difficultés matérielles, il reprend son travail artistique. Il renoue des relations épistolaires avec d’anciens membres de l’avant-garde, eux aussi exilés, comme Laszlo Moholy-Nagy, l’ancien directeur du Bauhaus alors aux USA, ou Kurt Schwitters, alors en Angleterre, avec qui il a le projet d’une revue, Pin.

Au cours des années 1950 et des années 1960, Hausmann correspond avec les principaux protagonistes des nouveaux mouvements lettristes, situationnistes, Fluxus… Il publie Courrier Dada et participe à des expositions au Moma de New York et au Moderna Museet de Stockholm. Il poursuit ses expérimentations dans le domaine de la photographie, du collage, de la poésie sonore et même de la performance filmée (L’homme qui a peur des bombes).

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Le fonds Raoul Hausmann

Avec 700 œuvres et un ensemble d’archives considérable (poèmes, textes théoriques, correspondances, carnets ou encore négatifs photographiques), le fonds Hausmann du musée d’art contemporain de la Haute-Vienne, permet de rendre compte de l’œuvre ambitieuse de Raoul Hausmann et de l’arrière-plan historique et intellectuel qui l’a nourrie.

En 1993, le musée a acquis la majeure partie de la correspondance de Raoul Hausmann depuis les années 1940. Cet ensemble de 6000 lettres couvre principalement la période de l’après-guerre à la mort de l’artiste en 1971.

Il témoigne des relations de Hausmann avec les avant-gardes « historiques » (Laszlo Moholy-Nagy, Hans Richter, Richard Huelsenbeck, etc.) et les néo-avant-gardes des années 1960 (Dick Higgins, Wolf Vostell, etc.), les galeries, les institutions (le Musée national d’art moderne, le Museum of Modern Art de New York), les revues, les éditeurs, les critiques, historiens, conservateurs de musées, etc.

En 1995, ce sont les archives écrites qui sont entrées au musée avec de nombreux textes inédits. Il s’agit de textes théoriques, des textes poétiques, de brouillons, de tapuscrits, de carnets de notes, etc. On y trouve des dossiers sur Dada, l’Optophonétique, la photographie… qui reflètent les centres d’intérêt principaux de Hausmann. En 1996, plus de mille deux cents négatifs et contacts photographiques sont venus compléter le fonds.

L’inventaire raisonné des textes théoriques conservés au Musée d’art contemporain de la Haute-vienne fut réalisé par Adelheid Koch-Didier et publié en 1997.

La vache
Ca'n Palerm, Ibiza